mercredi 24 mars 2010

24 Mars - jour férié



~~ Aujourd'hui jour férié mais triste jour ~~
jour de la Mémoire pour la Vérité et la Justice

Un jour sans travail pour se souvenir du premier jour de la dernière dictature militaire. Journée pour se souvenir de tous les "disparus" de cette triste et sombre époque de l'histoire argentine.

On ne connait pas souvent très bien l'histoire de l'Argentine. Avant d'arriver ici j'en savais très peu, et pourtant dans ce grand pays ce sont passées bien de tristes choses qui ne nous sont pas si lointaine. Car effet c'est en 1983 que ce régime répressif prend fin. Une histoire encore palpable dans l'Argentine d' aujourd'hui, un pays qui porte les séquelles de cette époque.

L'histoire politique de l'argentine est ponctuée de coups militaires, d'avancées libérales et de reculs conservateurs, elle est aussi marquée par ce qu'on appellera plus tard des "grands personnages", autrement dit des leaders politiques qui ont joué un rôle déterminent dans le chemin de ce jeune pays, le nom des rues sont là pour nous le rappeler, on pense alors à Yrigoyen ou à Juan Peron ou encore à sa femme Eva Peron.
Mais l'histoire Argentine est aussi marquée par des mouvements de résistance, des groupes armés d'extrême gauche, des mouvements anarchistes qui prennent de l'importance dans les années 70, à cela s'ajoute aussi des groupes d'extrême droite. L' Argentine s'engouffre alors dans un cycle de violence qui alimente ce climat lourd préalable à la dictature.

C 'est en 1973 dans ce contexte d'instabilité politique et économique que prend place la dictature militaire. Renversant alors le gouvernement d'Isabelle Peron (autre femme de Juan Peron), les juntes militaires vont se succéder pour faire vivre à l' Argentine probablement ses plus tristes années.
Un coup d' État venant s'ajouter aux expériences des pays voisins (dictature Uruguayenne, Chilienne, Brésilienne et Bolivienne), soutenu par l' Eglise catholique, reprenant la rhétorique national-catholique, anti-communiste, flirtant avec l' antisémitisme pour les plus radicaux.

Dans ce régime rigide qui se met en place, la machine répressive est alors bien huilée et carbure à plein régime en dehors de tout cadre juridique. L'espace public est verrouillé. Les tentatives d'opposition réprimées.
On estime à 30 000 les personnes que l'on appelle "disparus", tous ces hommes et ces femmes qui tentant d' exprimer leur opposition disparurent de manière suspecte pour, dans la plupart du temps, être condamnés à une mort loin des yeux de tous, sans trace ni sépulture ( procédés utilisé lors de la guerre d' Algérie par l'administration française... ), mais on compte aussi 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques, 1 500 000 exilés, tout cela pour une population de 30 millions d'habitants.
Autre fait de cette époque est "l'adoption" d'enfants de disparus par des familles proches du pouvoir, et là je vous recommande vivement la lecture de Luz ou la vie sauvage d' Elsa Osorio (auteur argentine).

La dictature prend fin suite à l'initiative militaire prise par les dirigeants.
Face à la chute continue de sa popularité la junte pense pouvoir gagner en légitimité grâce à une victoire militaire. L' Argentine déclare alors la guerre au Royaume-uni à propos de la petite île des "malvinas" (malouines) pensant ainsi s'offrir une victoire facile. Mais à la surprise des militaires le Royaume-uni, avec à sa tête Teacher, réplique de suite et écrase les troupes argentines, laissant de nouveaux cadavres...
Cette défaite militaire entraine le contraire des aspirations des dirigeants et précipite la fin du régime, ce qui donnera lieu à la transition démocratique.

Comme après toutes expériences dictatoriales et conflits armés le problème des réparations, du souvenir et de la mémoire hantent les politiques futures.
Persistent alors aujourd'hui en Argentine les questions concernant la mémoire des victimes disparues celles des familles des disparus mais surtout la reconnaissance et le jugement des militaires. D'autant plus délicat que la plupart des contemporains sont touchés, de prêt ou de loin, par la dictature. Un vaste chemin épineux, qui dépend des volontés politiques de chaque dirigeant. C'est donc dans cette optique que le 24 Mars fut déclaré jour férié par le président Kirchner en 2006.
Un jour pour se souvenir, et peut être pour vous de connaitre cette histoire parfois méconnue mais pour la moins tragique.




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