jeudi 23 août 2012

Système

A la sortie du supermarché du centre ville : des stands de marchands à la sauvette. Sur le trottoir on peut trouver de tout.  Des pois chiches cuisinés dans des petits sacs, des fruits de mer, des bananes, du papier toilette ou des brosses à dents. Cette juxtaposition illustre bien la réalité du pays. Un Chili schizophrène et ambigu. Un capitalisme grandissant qui vit à côté d'une précarité bien visible. Un système D qui tente, tant que bien mal, de combler les brèches d'un système à la belle vitrine. On peut se faire cirer les pompes devant le fast-food, on peut acheter trois cacahuètes en sortant de la banque. Le système le plus libéral d'Amérique latine a certes profité à quelques uns, une poignée de familles se partage les biftons. Une ouverture qui permet aussi que les richesses naturelles du pays (lithium, cuivre) soit vendues à des firmes multinationales qui s'engrossent sans presque aucun retour pour les Chiliens.

Or à côté des Chiliens aux poches bien remplies, une classe populaire peine à s'en sortir.  Alors comme ils disent souvent ici "il faut mieux être né du bon côté". Car le plus inquiétant c'est  que le système est bloqué, verrouillé. Ces inégalités alarmantes ne peuvent se niveler, l' ascension sociale est inexistante. Et cela en raison principalement d'un système éducatif inégalitaire et très cher. "C'est le nom de l'université qui déterminera ton poste et ton salaire plus tard"disent beaucoup de Chiliens. Et le nom se prend à crédit. Avant de commencer à travailler les jeunes chiliens sont déjà endettés jusqu'au cou. Qu'ils aillent dans le privé ou dans le public, la scolarité coûte une fortune. Alors il n'est pas rare d'entendre "moi de toute façon je paierai pas mes dettes, je ne peux pas". Ce système date de la dictature et n' a été que très peu modifié. Et ce n'est pas faute de mouvements sociaux. Depuis plus d'un an les étudiants sont dans la rue, pour réclamer une refonte totale du système d'éducation. Mais le gouvernement ne bronche pas. Alors les étudiants crient de plus belle, le "mouvement se radicalise" comme on dit. Des manifs sont organisées régulièrement. Et comme le veut la coutume elles se finissent en baston avec les forces de l'ordre. Des forces de l'ordre qui n'y vont pas de main morte, bombe lacrymo, jet d'eau et tout l'attirail. Une répression qui ne semble pas décourager les étudiants qui sont soutenus par beaucoup de profs.

On présente souvent le Chili comme un pays qui a réussi, un modèle pour l'Amérique latine. Moins de délinquance, taux de pauvreté moins important, une capitale "à l'européenne" ("au moins Santiago c'est propre"), un taux de croissance qui ferait rougir de honte l'Europe... Mais à qui profite ce système ? A ceux qui ne peuvent pas se soigner car la santé est trop coûteuse, aux "Mapuches" ( peuple indigène) qui se battent pour ne pas se faire voler leur terre ancestrale, aux mineurs qui meurent prématurément en raison de leur condition de travail dans les mines de cuivre ?

1 commentaire:

  1. Salut jeune journaliste de talent, je suis contente de voir que tout va bien pour toi ! Pleins de gros bisous
    Claire

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