Sur cette route qui longe la côte, après Valparaiso, il y a Viña del mar, riñaca puis Concon. Les surfeurs ont élu domicile là bas. Sur la plage il est aussi possible de faire du cheval, d'escalader les rochers ou de manger des empanadas aux fruits de mer. Mais ici, le béton semble gagner la triste bataille contre les éléments. De grands immeubles tout moche et tout moderne envahissent petit à petit ces étendues aux formes mouvantes.
lundi 27 août 2012
sanboard
Sur cette route qui longe la côte, après Valparaiso, il y a Viña del mar, riñaca puis Concon. Les surfeurs ont élu domicile là bas. Sur la plage il est aussi possible de faire du cheval, d'escalader les rochers ou de manger des empanadas aux fruits de mer. Mais ici, le béton semble gagner la triste bataille contre les éléments. De grands immeubles tout moche et tout moderne envahissent petit à petit ces étendues aux formes mouvantes.
jeudi 23 août 2012
Système
A la sortie du supermarché du centre ville : des stands de marchands à la sauvette. Sur le trottoir on peut trouver de tout. Des pois chiches cuisinés dans des petits sacs, des fruits de mer, des bananes, du papier toilette ou des brosses à dents. Cette juxtaposition illustre bien la réalité du pays. Un Chili schizophrène et ambigu. Un capitalisme grandissant qui vit à côté d'une précarité bien visible. Un système D qui tente, tant que bien mal, de combler les brèches d'un système à la belle vitrine. On peut se faire cirer les pompes devant le fast-food, on peut acheter trois cacahuètes en sortant de la banque. Le système le plus libéral d'Amérique latine a certes profité à quelques uns, une poignée de familles se partage les biftons. Une ouverture qui permet aussi que les richesses naturelles du pays (lithium, cuivre) soit vendues à des firmes multinationales qui s'engrossent sans presque aucun retour pour les Chiliens.
Or à côté des Chiliens aux poches bien remplies, une classe populaire peine à s'en sortir. Alors comme ils disent souvent ici "il faut mieux être né du bon côté". Car le plus inquiétant c'est que le système est bloqué, verrouillé. Ces inégalités alarmantes ne peuvent se niveler, l' ascension sociale est inexistante. Et cela en raison principalement d'un système éducatif inégalitaire et très cher. "C'est le nom de l'université qui déterminera ton poste et ton salaire plus tard"disent beaucoup de Chiliens. Et le nom se prend à crédit. Avant de commencer à travailler les jeunes chiliens sont déjà endettés jusqu'au cou. Qu'ils aillent dans le privé ou dans le public, la scolarité coûte une fortune. Alors il n'est pas rare d'entendre "moi de toute façon je paierai pas mes dettes, je ne peux pas". Ce système date de la dictature et n' a été que très peu modifié. Et ce n'est pas faute de mouvements sociaux. Depuis plus d'un an les étudiants sont dans la rue, pour réclamer une refonte totale du système d'éducation. Mais le gouvernement ne bronche pas. Alors les étudiants crient de plus belle, le "mouvement se radicalise" comme on dit. Des manifs sont organisées régulièrement. Et comme le veut la coutume elles se finissent en baston avec les forces de l'ordre. Des forces de l'ordre qui n'y vont pas de main morte, bombe lacrymo, jet d'eau et tout l'attirail. Une répression qui ne semble pas décourager les étudiants qui sont soutenus par beaucoup de profs.
On présente souvent le Chili comme un pays qui a réussi, un modèle pour l'Amérique latine. Moins de délinquance, taux de pauvreté moins important, une capitale "à l'européenne" ("au moins Santiago c'est propre"), un taux de croissance qui ferait rougir de honte l'Europe... Mais à qui profite ce système ? A ceux qui ne peuvent pas se soigner car la santé est trop coûteuse, aux "Mapuches" ( peuple indigène) qui se battent pour ne pas se faire voler leur terre ancestrale, aux mineurs qui meurent prématurément en raison de leur condition de travail dans les mines de cuivre ?
Or à côté des Chiliens aux poches bien remplies, une classe populaire peine à s'en sortir. Alors comme ils disent souvent ici "il faut mieux être né du bon côté". Car le plus inquiétant c'est que le système est bloqué, verrouillé. Ces inégalités alarmantes ne peuvent se niveler, l' ascension sociale est inexistante. Et cela en raison principalement d'un système éducatif inégalitaire et très cher. "C'est le nom de l'université qui déterminera ton poste et ton salaire plus tard"disent beaucoup de Chiliens. Et le nom se prend à crédit. Avant de commencer à travailler les jeunes chiliens sont déjà endettés jusqu'au cou. Qu'ils aillent dans le privé ou dans le public, la scolarité coûte une fortune. Alors il n'est pas rare d'entendre "moi de toute façon je paierai pas mes dettes, je ne peux pas". Ce système date de la dictature et n' a été que très peu modifié. Et ce n'est pas faute de mouvements sociaux. Depuis plus d'un an les étudiants sont dans la rue, pour réclamer une refonte totale du système d'éducation. Mais le gouvernement ne bronche pas. Alors les étudiants crient de plus belle, le "mouvement se radicalise" comme on dit. Des manifs sont organisées régulièrement. Et comme le veut la coutume elles se finissent en baston avec les forces de l'ordre. Des forces de l'ordre qui n'y vont pas de main morte, bombe lacrymo, jet d'eau et tout l'attirail. Une répression qui ne semble pas décourager les étudiants qui sont soutenus par beaucoup de profs.
On présente souvent le Chili comme un pays qui a réussi, un modèle pour l'Amérique latine. Moins de délinquance, taux de pauvreté moins important, une capitale "à l'européenne" ("au moins Santiago c'est propre"), un taux de croissance qui ferait rougir de honte l'Europe... Mais à qui profite ce système ? A ceux qui ne peuvent pas se soigner car la santé est trop coûteuse, aux "Mapuches" ( peuple indigène) qui se battent pour ne pas se faire voler leur terre ancestrale, aux mineurs qui meurent prématurément en raison de leur condition de travail dans les mines de cuivre ?
mardi 21 août 2012
Inti
Avec ses 300 000 habitants Valparaiso est la deuxième ville du Chili mais est souvent qualifiée de capitale culturelle. Et l'on comprend rapidement pourquoi. En plus d'accueillir une tripoté d'artistes "la Joya del Pacifico", comme le dit la chanson, inspire ; Valpo porte en elle, sur ses murs, ses façades cet élan de créativité. Au fil des tags, des "murales" la ville change de visage et de tempérament. Il y a les peintures "légales" et les grafs sauvages et le gouvernement tente de mettre un frein en arrêtant ces tagueurs "illégaux". Mais ce qui est sûr c'est que de messages d'amour en appels à la rébellion, de ras le bol en utopies les murs ne restent pas muets.
Pour lepetitjournal.com (là où je fais mon stage) j'ai interrogé Inti, un des artistes qui habille Valparaiso, mais pas seulement. Un coup de coeur. Je vous laisse lire ici.
Et puis quelques morceaux de murs au hasard
samedi 11 août 2012
la langue chilienne poh!
Detrompez-vous, au Chili on ne parle pas espagnol! Mais bien le chilien.
Bon ok ça reste de l'espagnol, mais arrosée à la sauce "chillenismo" : des expressions que l'on ne trouve qu'ici!
Alors à mon arrivée c'était tout un sport que de comprendre les propos de mes interlocuteurs! Même si la plupart des Chiliens font attention lorsqu'ils parlent à un étranger. Mais alors quand tu te retrouves au milieu d'une discussion enflammée, et que commence le festival du "chillenisme", il vaut mieux être bien accroché!
Je suis donc arrivée ici avec mon pseudo accent "franco-argentin", qui n'est pas passé inaperçu, et je vais repartir avec une touche de chilien : un joyeux bordel linguistique!
Alors si un jour vous passez par ce merveilleux pays ou que vous croisez un chilien : voici un petit kit de survie. Il est loin d'être complet, le chilien a encore beaucoup de secret, mais voici un aperçu.
(la bonne orthographe de ces mots n'est pas assurée.)
Pour commencer, l' INDISPENSABLE, l' INEVITABLE, la couverture de survie de ce kit, il s'agit bien évidemment du frénétique "catchaï ?" ( prononcé : katchay)
Ce verbe inspiré de l'anglais (to catch) signifie "tu piges?", "tu captes ?", "tu comprends?"
Si certains l'utilisent à bon escient d'autres en sont malades, dépendants, accros.
Comme beaucoup d'expressions chiliennes le "catchaï" se conjugue "catcho!, catchaste?"
Et pour ceux qui se demandent pourquoi on ne dit pas "catchas?" au lieu de "catchaï?" C'est que le Chilien conjugue souvent la deuxième personne du singulier ainsi : aï.
Exemple : Como estaï? pour como estas?
Autre particularité, autre tic. Le poh! Un virus qui a contaminé tout le pays semble-t-il.
Ce petit son ponctue les phrases, il se rajoute à sa guise. Mais on le retrouve le plus fréquemment derrière le si et le no, ce qui donne : sipoh / nopoh.
Autre INCONTOURNABLE, le huevon (prononciation à la cool, bouche très détendue, faible articulation : ouéone). Existe au féminin : huevona.
Il peut être traduit par "con", "couillon", "mec", "meuf", "gros" et s'utilise non-stop!
Selon le ton, cela peut être affectif, preuve de sympathie, insultant, ridiculisant...
Utilisé sans mesure aussi : Hueva : ( prononciation : oué'a) et peut être traduit par ce truc, ce machin, ce bordel, cette merde.
Pour survivre au Chili il faut aussi connaitre le terme carrete, et le verbe carretear.
Expression qui veut dire "faire la fête". Et si vous avez beaucoup "carrété" le lendemain caña assurée : gueule de bois.
Mais cela ne s'arrête pas là, voici en vrac quelques mots couramment utilisés
al tiro : maintenant, tout de suite
chucha : merde, putain, enfin pour jurer, s'exclamer quoi!
pololo/la : petite copine, stade avant novio/a, et par conséquent le verbe : pololear
caleta : beaucoup
fomé : ennuyant, chiant
cuico : un mec qui se la pète et qui a du fric, arrogant
flaite : racaille
local : un bar, une boite
pacos : les flics
1 luca : mille pesos
bacan : trop bien, trop cool
la raja : vraiment trop bien, vraiment trop cool
chela : bière
te tinca? : ça te dit?
Pour rire de sa propre blague le "je plaisante" français : mwhaaaa (difficile à écrire)
un copete : un verre (boire un coup)
que lata : dommage
filo : laisse tombé
Y Catchaï un poco el chileno huevon?
Bon ok ça reste de l'espagnol, mais arrosée à la sauce "chillenismo" : des expressions que l'on ne trouve qu'ici!
Alors à mon arrivée c'était tout un sport que de comprendre les propos de mes interlocuteurs! Même si la plupart des Chiliens font attention lorsqu'ils parlent à un étranger. Mais alors quand tu te retrouves au milieu d'une discussion enflammée, et que commence le festival du "chillenisme", il vaut mieux être bien accroché!
Je suis donc arrivée ici avec mon pseudo accent "franco-argentin", qui n'est pas passé inaperçu, et je vais repartir avec une touche de chilien : un joyeux bordel linguistique!
Alors si un jour vous passez par ce merveilleux pays ou que vous croisez un chilien : voici un petit kit de survie. Il est loin d'être complet, le chilien a encore beaucoup de secret, mais voici un aperçu.
(la bonne orthographe de ces mots n'est pas assurée.)
Pour commencer, l' INDISPENSABLE, l' INEVITABLE, la couverture de survie de ce kit, il s'agit bien évidemment du frénétique "catchaï ?" ( prononcé : katchay)
Ce verbe inspiré de l'anglais (to catch) signifie "tu piges?", "tu captes ?", "tu comprends?"
Si certains l'utilisent à bon escient d'autres en sont malades, dépendants, accros.
Comme beaucoup d'expressions chiliennes le "catchaï" se conjugue "catcho!, catchaste?"
Et pour ceux qui se demandent pourquoi on ne dit pas "catchas?" au lieu de "catchaï?" C'est que le Chilien conjugue souvent la deuxième personne du singulier ainsi : aï.
Exemple : Como estaï? pour como estas?
Autre particularité, autre tic. Le poh! Un virus qui a contaminé tout le pays semble-t-il.
Ce petit son ponctue les phrases, il se rajoute à sa guise. Mais on le retrouve le plus fréquemment derrière le si et le no, ce qui donne : sipoh / nopoh.
Autre INCONTOURNABLE, le huevon (prononciation à la cool, bouche très détendue, faible articulation : ouéone). Existe au féminin : huevona.
Il peut être traduit par "con", "couillon", "mec", "meuf", "gros" et s'utilise non-stop!
Selon le ton, cela peut être affectif, preuve de sympathie, insultant, ridiculisant...
Utilisé sans mesure aussi : Hueva : ( prononciation : oué'a) et peut être traduit par ce truc, ce machin, ce bordel, cette merde.
Pour survivre au Chili il faut aussi connaitre le terme carrete, et le verbe carretear.
Expression qui veut dire "faire la fête". Et si vous avez beaucoup "carrété" le lendemain caña assurée : gueule de bois.
Mais cela ne s'arrête pas là, voici en vrac quelques mots couramment utilisés
al tiro : maintenant, tout de suite
chucha : merde, putain, enfin pour jurer, s'exclamer quoi!
pololo/la : petite copine, stade avant novio/a, et par conséquent le verbe : pololear
caleta : beaucoup
fomé : ennuyant, chiant
cuico : un mec qui se la pète et qui a du fric, arrogant
flaite : racaille
local : un bar, une boite
pacos : les flics
1 luca : mille pesos
bacan : trop bien, trop cool
la raja : vraiment trop bien, vraiment trop cool
chela : bière
te tinca? : ça te dit?
Pour rire de sa propre blague le "je plaisante" français : mwhaaaa (difficile à écrire)
un copete : un verre (boire un coup)
que lata : dommage
filo : laisse tombé
Y Catchaï un poco el chileno huevon?
vendredi 3 août 2012
Quand la nature fait des siennes
Vendredi dans la nuit, une tempête de pluie a laissé toute trempée Valparaiso, mais a surtout inondé mon appartement. Aujourd'hui samedi, le sol est parsemé de casseroles qui reçoivent les goutes du plafond et des papiers journaux absorbent le déluge. Alors ce soir, les rayons de soleil perçant les nuages remplis de pluie, ont dessiné un magnifique arc-en-ciel englobant tout Valparaiso qui se colorait de sa lueur du soir.
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